Du soutien complémentaire et significatif pour les jeunes au parcours traumatique

Beaucoup d’enfants et d’adolescents suivis par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) ont vécu plusieurs traumatismes au cours de leur jeune vie. Leur parcours complexe les amène à fréquenter des services de réadaptation et des milieux de vie de la Direction de la protection de la jeunesse.

Depuis 2014, la chercheuse Delphine Collin-Vézina travaille à implanter le modèle Attachement, Régulation et Compétences (ARC) à la DPJ. Ce modèle, développé à l’origine par une travailleuse sociale et une psychologue clinicienne des États-Unis, vise à soutenir la réadaptation des jeunes ayant vécu de multiples traumatismes, en outillant notamment les adultes qui sont en relation d’aide avec eux (par exemple, les intervenants et les familles d’accueil).

Former les adultes pour mieux soutenir les jeunes

La première étape du programme ARC est de former ceux et celles qui côtoient les jeunes au quotidien : « En bonifiant les compétences professionnelles des intervenants dans les milieux de vie ou des familles d’accueil, par exemple, ARC leur permet d’avoir une meilleure lecture clinique et d’adopter des attitudes adéquates et bienveillantes face aux jeunes traumatisés, pour répondre à leurs besoins et promouvoir leur résilience », explique Delphine Collin-Vézina.

Ensuite, la chercheuse évalue l’incidence de l’implantation du modèle ARC dans les divers services de réadaptation : « En mesurant les attitudes envers le trauma et la sensibilité des intervenants aux besoins des jeunes, grâce à des entrevues, des questionnaires et des données clinico-administratives, on peut voir si ARC a un effet positif dans ces milieux. »

Les résultats démontrent qu’une telle approche apporte des changements positifs dans les milieux, notamment que le programme améliore les attitudes des intervenants et réduit le recours à des mesures exceptionnelles, comme la contention et l’isolement. Toutefois, sans trop de surprise, l’implantation du modèle ARC a été variable d’un milieu à l’autre, car certaines limites organisationnelles (instabilité du personnel, peu de libération pour des formations) ont fait obstacle à son déploiement.

Tout compte fait, Delphine Collin-Vézina est fière du chemin parcouru avec ce projet : « La plus belle réussite, selon moi, c’est qu’ARC continue à vivre et à être offert en formation dans les services de réadaptation sans que ce soit associé à un projet de recherche. ARC vole de ses propres ailes et prouve sa pertinence plus que jamais. »

Modèle ARC

Delphine Collin-Vézina est psychologue clinicienne, chercheuse collaboratrice à l’Institut universitaire Jeunes en difficulté et professeure titulaire à l’Université McGill.