Les jeunes en difficulté et leurs familles, qui sont suivis par les services sociaux ainsi que par les intervenants qui les encadrent, sont enclins à vivre un stress chronique, ce qui les met à risque de développer des problèmes de santé mentale, comme la dépression ou l’épuisement.
Afin de les aider à gérer leur stress, une équipe de recherche, dirigée par Pierrich Plusquellec et Sophie Massé, travaille depuis 2015 à l’implantation et à l’évaluation de l’approche ISO-Stress auprès de l’ensemble des équipes du Programme jeunesse et de la Protection de la jeunesse du CCSMTL. ISO-stress est né de la fusion des programmes Déstresse et Progresse (D&P) et Stress et Compagnie (S&C) développés par le Centre d’études sur le stress humain (CESH).
Une approche de type cognitif-comportemental
Ces programmes de gestion du stress consistent, pour D&P, en l’animation de cinq ateliers hebdomadaires de quarante minutes auprès des jeunes pour leur permettre de comprendre ce qu’est le stress, le reconnaître (contrôle faible, imprévisibilité, nouveauté, égo menacé) et trouver des stratégies d’adaptation positive axées sur les émotions et le problème face à celui-ci.
Quant à S&C, une version web d’une heure trente adaptée aux intervenants couvrent les mêmes objectifs et concepts que D&P, mais est centrée sur les réalités que vivent les équipes de professionnels sur le terrain. De plus, dans des régions voisines de Montréal, au cours d’une journée de formation en équipe, les intervenants sont sensibilisés à l’incidence du stress de contagion, à l’effet du stress sur l’intervention clinique ainsi que sur les bénéfices de mettre en place un plan d’action d’équipe pour diminuer le stress.
« Les résultats préliminaires de la recherche évaluative ISO-Stress montrent qu’un mois après avoir fait Déstresse et Progresse, les jeunes affichent une diminution du stress perçu et du risque de dépression, une augmentation de l’estime de soi ainsi qu’une diminution de l’hypervigilance. Les premiers résultats rapportent que le programme Stress et Compagnie, associé à un plan d’action d’équipe, a permis de diminuer significativement auprès des intervenants le stress chronique et le niveau de cortisol (hormone du stress), et de réduire le stress perçu et l’épuisement professionnel », précise Sophie Massé, qui est au cœur du projet depuis plus de quinze ans.
L’approche ISO-Stress est maintenant en phase de pérennisation et de transfert des connaissances. Sophie Massé est devenue maître formatrice et trois régions (Montérégie-Est, Laurentides et Mauricie-et-Centre-du-Québec) ont maintenant leurs formateurs internes ISO-Stress. Depuis 2016, dans Montréal et les autres régions, plus de 500 jeunes et plus de 90 équipes, composées de 8 à 20 intervenants, ont bénéficiés de l’approche et ses programmes.
Pierrich Plusquellec est chercheur collaborateur à l’Institut universitaire Jeunes en difficulté et professeur agrégé à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal. Sophie Massé est agente de planification et de programmation de recherche à l’Institut universitaire Jeunes en difficulté.