Cap sur la famille est un programme psychoéducatif qui s’adresse aux parents vivant avec une dépendance et à leurs enfants de 6 à 12 ans, pour réduire les répercussions de la consommation sur la vie familiale. Déjà implanté dans une dizaine de régions du Québec, il a été mis en œuvre dans une communauté autochtone à titre de projet-pilote au printemps 2021. Retour sur cette expérience positive avec la chercheuse Myriam Laventure.
Tabler sur la confiance
D’emblée, la chercheuse précise qu’il ne s’agit pas de son premier projet d’adaptation réalisé avec une communauté autochtone. Le projet actuel bénéficie donc d’une relation de confiance déjà établie et d’une meilleure compréhension des réalités de chacune des deux parties.
Pour commencer, l’équipe de recherche a présenté le programme tel quel, afin de profiter des commentaires pour coconstruire l’adaptation. Bonne nouvelle : les premiers résultats de l’évaluation ont démontré que les familles autochtones et non-autochtones apprécient les mêmes aspects du programme, soit l’amélioration de la communication et l’importance accordée au temps de qualité en famille. Les commentaires après le projet-pilote ont touché aussi bien le contenant que le contenu.
Accessibilité
D’abord, il fallait rendre le matériel accessible aux intervenants autochtones. « Notre programme contient de nombreux guides d’utilisation, des trucs et des conseils qui comportent plusieurs pages de texte. Mais les cultures autochtones sont de tradition orale! C’était beaucoup trop « écrit » pour eux. Nous travaillons donc à adapter plusieurs parties en capsules vidéo, ce qui facilitera leur travail d’appropriation. » De plus, le programme initial prévoit 11 rencontres hebdomadaires totalisant vingt-deux heures. Pour le premier projet-pilote, la communauté a misé sur une implantation intensive sur une fin de semaine. Myriam Laventure était heureuse de cette initiative afin de favoriser l’appropriation par cette communauté.
Sur le plan du contenu, un écueil majeur a été noté : les définitions du système familial et du rôle parental diffèrent d’une culture à l’autre. Il a donc fallu adapter de larges portions des activités d’information pour rejoindre adéqua- tement les familles autochtones. Sur le plan du contenant, des outils ont été adaptés pour utiliser davantage de références culturelles.
Multiplication des projets
Après ces adaptations (et d’autres!), l’expérience sera renouvelée au cours de quatre autres projets-pilotes dans des communautés autochtones durant les deux prochaines années. De plus, une formation interactive et variée de quatorze heures est maintenant accessible en ligne. Tout intervenant travaillant auprès d’adultes ayant une dépendance à l’alcool ou aux drogues et de leurs enfants âgés de 6 à 12 ans peut s’y inscrire, pour se familiariser avec le programme dans sa version originale.
Myriam Laventure est chercheuse à l’Institut universitaire sur les dépendances et professeure à la Faculté de médecine et des sciences de
la santé de l’Université de Sherbrooke.