Pandémie et lésion médullaire : 6 constats à retenir

En mars 2020, les mesures sanitaires mises en place par le gouvernement du Québec ont eu pour conséquence de limiter de façon draconienne les services de soins à domicile et en clinique. Du jour au lendemain, les personnes blessées médullaires n’avaient plus accès au service de transport adapté, devaient s’adapter à différents préposés pour l’aider dans ses soins, ne pouvaient plus recevoir ses traitements de physiothérapie ni se présenter dans un service d’aide technique pour faire réparer leur fauteuil roulant…

De nombreuses personnes ayant subi des blessures médullaires ont vécu une grande détresse physiologique et psychologique pendant la pandémie. Afin de documenter cette réalité, une équipe de recherche codirigée par Lise Poissant et Normand Boucher, en collaboration avec Virginie Archambault, agente de recherche et de liaison à Moelle épinière et motricité Québec (MÉMO-Qc), a entrepris, dès le mois d’août 2020, un projet visant à décrire l’expérience des membres de MÉMO-Qc quant à l’accès aux services et aux soins de santé, et à évaluer les effets de la pandémie au fil du temps ainsi que sur leur participation sociale et leur santé physique et mentale.

De l’automne 2020 au printemps 2021, de nombreuses rencontres sur Zoom ont été effectuées avec un groupe de 27 personnes constitué de blessés médullaires, de conseillers et de pairs-bénévoles venant de différentes régions du Québec. À la suite de ces consultations, les six constats suivants ont été dégagés et présentés à MÉMO-Qc, lors des Journées québécoises des lésions médullaires en mai 2021 :

  • Reconnaître les besoins particuliers des adultes ayant des blessures médullaires qui vivent en CHSLD et en ressources intermédiaires ;
  • Optimiser les contacts entre les personnes ayant des lésions médullaires et les organismes communautaires ;
  • Revendiquer que certains services soient considérés comme étant « essentiels » pour certaines populations ;
  • Mieux outiller les proches aidants et le réseau social ;
  • Dépister et accompagner les personnes ayant un profil physique/psychologique à risque ;
  • Assurer un soutien financier adéquat permettant le maintien des acquis chez les personnes ayant des blessures médullaires.

L’équipe de recherche espère que ces constats mèneront à des recommandations pour améliorer la qualité de vie de quelque 20 000 Québécois qui sont devenus paraplégiques ou tétraplégiques à la suite d’une lésion médullaire.

Lise Poissant est chercheuse au Centre de recherche interdisciplinaire en réadaptation du Montréal métropolitain (CRIR) de l’Institut universitaire sur la réadaptation en déficience physique de Montréal (IURDPM), et professeure honoraire à l’École de réadaptation de l’Université de Montréal. Normand Boucher est professeur associé à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval et chercheur au Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale (CIRRIS).