Pandémie et pratique professionnelle : peut-on en tirer du positif ?

Est-ce que des perturbations comme celles provoquées par la pandémie ont une incidence sur la pratique professionnelle, y compris l’expertise, des cliniciens en réadaptation ? Si oui, ces effets sont-ils de nature négative ou positive ? Telle est la question à laquelle souhaitent répondre Annie Rochette et Aliki Thomas.

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, le quotidien des cliniciens en réadaptation a été bouleversé. Qu’ils aient été réassignés à un autre service ou non, ces derniers ont été déstabilisés et plusieurs parmi eux ont vécu, ou ont été témoins, de détresse. L’équipe de recherche a profité de cette période traumatique pour étudier l’influence d’une telle situation sur le déploiement des compétences et de l’expertise.

À travers des entrevues en profondeur (la première série a eu lieu à l’automne 2021, la seconde, un an plus tard, afin d’offrir un certain recul sur la situation), l’équipe de recherche va à la rencontre d’une trentaine de cliniciens. Qu’ils soient ergothérapeutes, physiothérapeutes, technologues en réadaptation physique, orthophonistes ou audiologistes, tous occupent un poste dans un même milieu depuis plus de deux ans.

Ces démarches permettront de mieux comprendre l’expérience vécue par les cliniciens et de découvrir si ce contexte de crise sanitaire aura paralysé les équipes cliniques ou, au contraire, s’il aura favorisé l’émergence et le développement de nouvelles pratiques en réadaptation.

À la lumière des premières entrevues, Mme Rochette soutient que nous pourrions être surpris des résultats. En effet, les participants semblent avoir retiré des éléments positifs de cette expérience, entre autres en ce qui concerne la téléréadaptation. La deuxième série d’entrevues permettra de constater si cette impression se confirme avec le temps. Une chose est sûre : il ne sera pas facile d’attendre pour découvrir les résultats de ce projet de recherche !

Annie Rochette est chercheuse à l’Institut universitaire sur la réadaptation en déficience physique de Montréal (IURDPM) et au Centre de recherche interdisciplinaire en réadaptation du Montréal métropolitain (CRIR) et professeure titulaire à l’École de réadaptation de l’Université de Montréal. Aliki Thomas est chercheuse au CRIR et professeure agrégée à l’École de physiothérapie et d’ergothérapie et l’Université McGill.