Suivi de projet : Le moral des aînés en pandémie

Les premiers résultats de ce projet ont été présentés dans le MU360 de janvier 2021. L’équipe a effectué une nouvelle mesure et poursuit les analyses.

Rappel : Les psychologues Sébastien Grenier et Jean-Philippe Gouin se sont alliés à plusieurs collègues pour étudier la santé mentale de quelque 645 aînés (moyenne d’âge de 80 ans) depuis avril 2020. 

Alors que les personnes de plus de 70 ans ont vécu un confinement strict au printemps 2020, qu’elles étaient plus à risque de complications et que la vaste majorité des décès de la COVID-19 touchaient ce groupe d’âge, le moral des aînés ayant participé à ce projet semblait avoir tenu le coup. Les différentes analyses démontraient qu’environ 80 % des répondants ne présentaient aucune détresse psychologique significative. L’équipe constatait que plusieurs études internationales convergeaient en ce sens. Au moment de ces premières analyses, les aînés avaient été interrogés à trois reprises : au cœur de la première vague et du confinement (d’avril à la fin juin), durant le déconfinement de l’été (de juillet à la mi-août) et durant la deuxième vague (de la mi-août à la fin-octobre).

Un an plus tard, quoi de neuf ?

Les chercheurs ont effectué une nouvelle mesure de la santé mentale de leur groupe d’aînés de mars à mai 2021. Encore une fois, les 645 aînés qui prennent part à l’étude ont répondu à des questions sur leur état d’esprit au cours d’un entretien téléphonique de soixante minutes en moyenne. Résultat en mars 2021 : on remarque une hausse de la détresse psychologique et une baisse de la satisfaction à l’égard de la vie. Les chercheurs tentent maintenant de comprendre ces résultats.

Le travail d’analyse des quatre temps de mesure, à la fois minutieux et colossal, a permis de déceler trois trajectoires dans le groupe. D’abord, la majorité des participants (60 %) ont exprimé très peu de détresse depuis le début des entretiens, en mars 2020. Entre 15 % et 17 % des aînés ont maintenu, quant à eux, un niveau élevé de détresse psychologique au cours des quatre mesures. Enfin, le moral d’un petit groupe de participants fluctue d’une fois à l’autre, comme en réaction à l’actualité. Après une certaine habituation à la suite de la première vague, ce groupe rapporte de nouveau une augmentation de la détresse psychologique après une année de pandémie.

À travers ces analyses, l’équipe s’applique également à trouver des éléments qui pourraient prédire la détresse psychologique, particulièrement durant cette pandémie. Les premiers constats semblent pointer vers les difficultés de mobilité et le manque d’accès aux ressources technologiques. On devine aisément l’isolement lié à ces deux états de fait en temps de confinement! La solitude perçue et l’insomnie s’ajoutent aux éléments prédicteurs. Ce sont tous des facteurs modifiables qui peuvent être ciblés dans la prévention et le traitement de la détresse psychologique associée à la pandémie.

Devant la richesse de ces informations, l’équipe est actuellement en recherche de financement pour continuer de suivre la santé mentale de ce groupe d’aînés en 2022.

Jean-Philippe Gouin et Sébastien Grenier sont psychologues cliniciens et chercheurs au Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (CRIUGM). M. Gouin est professeur agrégé au Département de psychologie de l’Université Concordia et M. Grenier est professeur agrégé au Département de psychologie de l’Université de Montréal.