L’art comme outil d’inclusion : « faire disparaître la différence entre nous et eux »

L’art comme agent d’inclusion et comme espace sécuritaire pour des personnes ayant des limitations physiques ou des besoins particuliers? C’est ce que propose le programme Art adapté, instauré par la Place des Arts (PDA) en 2018.

Son déploiement et son succès ont suscité l’intérêt de Maud Gendron-Langevin et de Guillaume Ouellet, chercheuse et chercheur d’établissement au Centre affilié universitaire sur les inégalités sociales, les discriminations et les pratiques alternatives de citoyenneté (CREMIS).

Les deux collègues étudient les retombées du programme, de concert avec la PDA qui souhaite, de son côté, en évaluer les effets et dégager des pistes d’amélioration.

Les activités du programme peuvent certainement inspirer les intervenant.e.s qui travaillent auprès des personnes ayant des besoins particuliers ou des limitations physiques. En effet, Art adapté propose des ateliers d’art vivant (chant, danse, musique et théâtre) et d’écriture créative qui repose sur des pratiques inclusives. Les activités culminent à la conception et à la tenue d’une représentation devant public, mettant en valeur les apprentissages acquis.

Recherche axée sur une démarche participative

Au total, ce sont quelque 60 ateliers de toutes les disciplines, offerts à des groupes de 6 à 18 personnes, qui ont été observés et évalués entre 2020 et 2022. Plus d’une centaine d’individus ont alimenté la recherche de l’expérience vécue.

L’approche participative a donc permis d’accéder à des informations, des réflexions et des réactions des participant.e.s, du personnel, des personnes intervenantes des organismes communautaires liés au programme, des gestionnaires et des artistes chargés d’animer les ateliers. « Ce que nous visons en soutenant des pratiques inclusives comme celle-ci, c’est de faire disparaître la différence entre nous et eux », précise Guillaume Ouellet.

Expérience inclusive hautement humaine

Ce qui ressort d’abord de ce programme, c’est la bienveillance, mais aussi le caractère humain de l’accueil. Guillaume Ouellet insiste sur ce point : « Nous sommes vraiment dans l’idée d’un espace sécuritaire, dans un lieu où les personnes peuvent s’exprimer comme elles le sentent et comme elles le veulent. »

Sur le plan individuel, Art adapté favorise l’expérience de l’agentivité* des participant.e.s qui sont amenés à coconstruire un projet artistique avec les artistes-médiateurs. Dans leur vie quotidienne, ces personnes ont peu d’espace à accorder à leurs choix individuels : ce programme leur en donne l’occasion. De plus, l’équipe souligne le grand engouement et l’engagement indéniable des organismes communautaires et des intervenant.e.s, renouvelés chaque année.

Quelle suite pour Art adapté?

Lors de notre entretien, l’équipe préparait son costaud rapport de recommandations. Elle compte notamment inviter la PDA à trancher quant à ses ambitions. Art adapté doit-il maintenir son offre à petite échelle ou plutôt la déployer pour atteindre plus de personnes, tout en préservant son approche humaine et bienveillante? Dans sa forme actuelle, son objectif est d’abord « que chaque personne qui passe par ce programme vive une expérience complète et épanouissante », rappelle Maud Gendron-Langevin. Nul doute que ce rapport suscitera des réflexions stratégiques et inspirera d’autres organismes à suivre le pas.

Entrevue intégrale

Titre du projet : Les arts vivants pour une expérience inclusive : une évaluation de la participation au programme Art adapté offert par la Place des Arts

Responsables :
Maud Gendron-Langevin, chercheuse au CREMIS et professeure à l’UQAM
Guillaume Ouellet, chercheur d’établissement au CREMIS et professeur associé à l’UQAM

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