Des robots qui aident à réapprendre à marcher, des prothèses intelligentes qui restituent le sens du toucher, de l’intelligence artificielle qui analyse le langage… Loin d’être des utopies futuristes, ces innovations technologiques promettent de transformer la vie des personnes qui vivent avec une déficience physique, celle de leurs proches et des personnes qui interviennent auprès d’elles.
Pour mieux cerner l’avenir de la réadaptation en déficience physique, cet article illustre trois perspectives :
celle d’un chercheur, d’un usager et d’un professionnel de la réadaptation.
La perspective du chercheur
Stefano Rezzonico, chercheur à l’Institut universitaire sur la réadaptation en déficience physique de Montréal-Centre de recherche interdisciplinaire en réadaptation du Montréal métropolitain (IURDPM-CRIR), spécialisé dans les troubles du langage et de la communication, envisage avec optimisme le rôle que pourraient jouer les robots dans la recherche en réadaptation en déficience physique.
Selon lui, des outils technologiques capables d’accomplir des tâches simples et de communiquer avec les personnes usagères seraient des aides précieuses en recherche et permettraient d’en améliorer l’accessibilité. Le défi est de programmer ces appareils pour qu’ils comprennent les différentes formes de communication atypiques des personnes ayant des besoins (complexes) de communication. En montrant des vidéos, des symboles, du texte ou des images, les machines intelligentes deviendraient un intermédiaire utile, voire un traducteur, entre les personnes en situation de handicap de communication, leur famille, le personnel clinique et les équipes de recherche.
La perspective de l’usager
Denis Bowes, un patient en réadaptation à l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay-de-Montréal (IRGLM), imagine un robot accompagnateur qui faciliterait son autonomie pendant son rétablissement. Par exemple, il pourrait le guider et le soutenir physiquement lors de ses étirements et de son entraînement
à la marche, des exercices qu’il doit faire chaque jour dans le cadre de sa réadaptation. Une telle assistance assurerait une vigie sur sa sécurité et l’aiderait dans certaines activités pour donner un répit à son entourage. Cependant, Denis Bowes souligne l’importance de maintenir un juste équilibre entre
l’aide technologique et les efforts personnels en réadaptation. Son expérience avec un exosquelette, une structure robotisée qui aide à réapprendre à marcher, met en lumière cette idée : « Ça ne fait pas tout à ta place! Tu travailles fort quand tu l’utilises, il y a de la résistance. Et c’est normal, tu dois rester actif pour continuer à récupérer. »
La perspective du professionnel
L’intégration de technologies innovantes s’avère intéressante pour le personnel clinique qui accompagne des usagères et usagers comme Denis Bowes.
Félix Quentin-Desrosiers fabrique des prothèses à l’IRGLM. Durant les dernières années, il a constaté l’évolution de la technologie dans sa pratique. Auparavant, les prothèses fonctionnaient avec des électrodes collées sur la peau qui détectaient l’impulsion des muscles pour reproduire un mouvement de main. Il s’agissait de codes simples : un nombre d’impulsions égale une réaction. Aujourd’hui, avec l’intelligence artificielle, les nouvelles prothèses sont programmées pour reconnaître les gestes à faire et pour qu’ils soient plus précis.
Selon lui, l’avenir réside dans l’implantation sensorielle : un implant placé sous la peau pouvant envoyer les sensations des nerfs vers le cerveau. Ainsi, la personne ressentirait le toucher avec sa prothèse, comme s’il s’agissait de son propre corps. « Cette innovation est testée actuellement dans plusieurs projets de recherche américains, mais ce n’est pas encore commercialisé », note Félix Quentin-Desrosiers.
Que ce soit pour le langage ou la mobilité, les innovations technologiques ont le potentiel de révolutionner la réadaptation en déficience physique. Elles ne remplaceront pas
l’être humain, mais constitueront un atout précieux pour offrir aux personnes qui vivent avec une déficience physique des services de réadaptation personnalisés et efficaces.
Pour en savoir plus sur l’utilisation des exosquelettes en réadaptation à l’IURDPM : Lésion de la moelle épinière: s’entraîner grâce à des jambes robotisées