Réflexion sociale sur la participation des jeunes

« Il y a beaucoup de jeunes qui sont hyper motivés à participer, à faire entendre leur voix, puis à défendre les droits des autres jeunes aussi. Quand on les interroge sur leur désir de participer, c’est presque unanime, car c’est valorisant pour eux d’être capables de donner un sens à leur expérience » souligne Isabelle-Ann Leclair Mallette, chercheure d’établissement à l’Institut universitaire Jeunes en difficulté (IUJD).

En participant à des projets de recherche, à des groupes de mobilisation ou encore à des initiatives en santé sociale, les jeunes développent de nouvelles connaissances, puis des compétences qui leur seront utiles pour la vie.

Mais qu’entend-on par participation des jeunes? C’est à une réflexion sociale que nous convient Isabelle-Ann Leclair Mallette et ses collègues Sophie T. Hébert, chercheure d’établissement, et Pascal Jobin, chargé de projet à l’IUJD. Participer, c’est être actif dans son propre développement et celui de sa communauté. Dans le domaine de la santé, la participation n’est pas une notion nouvelle, auparavant on la trouvait sous d’autres vocables : recherche-action, patients partenaires, comités d’usagers. « Aujourd’hui, elle s’inscrit aussi dans des approches plus anti-oppressives qui visent à revisiter la hiérarchie des savoirs », précise Sophie T. Hébert.

Reprise du pouvoir d’agir des jeunes

Plus qu’une posture de recherche, la participation « donne aux jeunes l’occasion d’adopter un statut différent, de contribuer à l’évolution des services et des pratiques d’in­tervention, en donnant leurs points de vue sur ceux-ci », soutient Pascal Jobin. En participant à des démarches sensibles aux traumas, par exemple, les jeunes peuvent reprendre un pouvoir d’agir (empowerment) qui est l’objectif même de cette approche.

Au CCSMTL, un comité de jeunes a participé à la construc­tion du point de services Aire ouverte qui propose une offre de santé destinée aux personnes de 12 à 25 ans (santé physique, mentale et sexuelle, difficultés relationnelles et d’adaptation, intimidation, etc.). Le modèle Aire ouverte, qui se déploie pour et avec les jeunes, existe dans 36 points de service à la grandeur du Québec. Il leur offre une porte d’accès supplémentaire au réseau de la santé et des ser­vices sociaux.

La participation des jeunes, droit ou privilège?

Aux yeux des populations vulnérables, notamment des jeunes en contexte de placement, la participation s’appa­rente à un privilège, car souvent, ils ont l’impression de devoir posséder des aptitudes précises pour y parvenir. Mais la participation des enfants et des jeunes est inscrite à la Convention relative aux droits de l’enfant adoptée par les Nations Unies en 1989, puis ratifiée par le Québec et le Canada en 1991. Elle est aussi inscrite dans la Loi sur la protection de la jeunesse depuis 1994, au Québec.

« Dans le contexte de protection de la jeunesse, on observe une tension entre la volonté de protéger les enfants et les jeunes et celle de les voir participer. En filigrane, se trouve toujours l’enjeu de la gestion du risque. Dans une vision tournée vers l’avenir, il faudra trouver un juste équilibre entre ces deux droits fondamentaux », soutient Sophie T. Hébert. Laisser un espace de participation aux jeunes, c’est leur permettre d’identifier leurs besoins, mais aussi de jouer un rôle dans la prise en main de leur santé globale. Le système de la santé de demain devra leur faire encore plus de place, en démontrant une plus grande écoute pour leurs idées.

Échelle de la participation à un projet selon Hart
Roger Hart. « Stepping Back from ‘’The Ladder’’: Reflections on a Model of Participatory Work with Children. » Participation and Learning Perspectives on Education and the Environment, Health and Sustainability. A. Reid et al. Editors, 2008 (chapitre 2), p. 22. Traduction libre

Pour en savoir plus sur l’échelle de Hart