COVID-19 et détresse psychologique : soutenir les travailleurs au front

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, la détresse psychologique dans la population en général ne cesse d’augmenter. Pour les travailleurs de la santé, les effets négatifs de la pandémie sur la santé mentale sont encore plus intenses. Malgré les mesures de soutien mises en place par le gouvernement (par exemple, les lignes téléphoniques et le soutien psycho- logique), les plus récentes données indiquent que les équipes sur le terrain sont de plus en plus épuisées mentalement. De toute évidence, d’autres mesures concrètes seront nécessaires pour renforcer la résilience des travailleurs et préserver leur santé mentale, tant pour répondre à un besoin à court terme que pour prévenir les risques de stress post-traumatique auxquels ils resteront exposés à moyen et à long termes.

Carl-Ardy Dubois et Roxane Borgès Da Silva se penchent sur cette problématique depuis plusieurs mois déjà : « La COVID-19 aura des conséquences à long terme sur la santé mentale des travailleurs au front et nos travaux permettront de développer et de mettre en œuvre une intervention qui les aideront à mieux récupérer et à rebondir face aux événements difficiles qu’ils vivent au quotidien dans le contexte pandémique et postpandémique. »

Développer une intervention avec et pour les milieux touchés

Une revue de littérature a d’abord été réalisée par les chercheurs et leur équipe afin de prendre connaissance des stratégies déployées par différentes organisations pour soutenir la résilience des travailleurs durant la crise. Cela leur a permis de découvrir plusieurs exemples d’interventions qui ont fait leurs preuves ailleurs.

L’équipe effectue actuellement une enquête diagnostique ciblant des milieux ayant été très affectés par la pandémie (CHSLD et urgences) de cinq CISSS et CIUSSS. Des données sur le vécu des travailleurs et leur capacité à faire face à la crise sont recueillies et analysées afin de brosser un portrait clair de la situation et de mieux cerner les besoins à combler.

L’étape subséquente du projet consistera à coconstruire, avec les travailleurs, un modèle d’intervention (composée de ressources, de stratégies et d’actions à déployer) qui répondra aux besoins prioritaires déterminés précédemment. Cette intervention sera implantée dans quelques équipes, puis elle sera analysée sur une période de six mois, afin d’évaluer ses répercussions sur la résilience des travailleurs et sur la qualité de vie au travail.

Dans la mesure où l’intervention développée et expérimentée aura fait ses preuves, l’équipe souhaite la promouvoir auprès des autres établissements de santé et services sociaux du Québec. 

Roxane Borgès Da Silva et Carl-Ardy Dubois sont membres du Centre de recherche en santé publique. Mme Borgès Da Silva est professeure agrégée et M. Dubois est doyen et professeur titulaire à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.