Itinérance et DI-TSA : comment s’en sortir?

Vivre dans la rue ou en logement précaire, présenter une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme et avoir, pour certains, des problèmes de dépendance, les sources de traumas sont multiples pour la clientèle de Sylvain Picard et d’Anthony Gey.

Dans un épisode du balado Sur le vif produit par le Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales, les discriminations et les pratiques alternatives de citoyenneté (CREMIS), Sylvain Picard aborde les changements qu’il a dû apporter à sa pratique durant la crise sanitaire. Il explique les diverses répercussions de la COVID-19 sur sa clientèle, en plus de dévoiler les stratégies employées pour maintenir un accompagnement de proximité.

Dans un contexte de pandémie où les loyers sont rares et dispendieux et où l’attente pour un logement social est longue, l’Équipe itinérance fait face à un défi de taille : comment soutenir les personnes de plus en plus nombreuses dans cette situation ?

Un accompagnement à long terme

L’accompagnement de l’Équipe itinérance débute dans le milieu d’origine de chacun, souvent dans la rue, et se poursuit jusqu’à ce que la personne se soit stabilisée dans son nouveau milieu.

Selon ces experts, il faut être créatif et s’adapter au rythme de chacun. Offrir un soutien personnalisé évitera de leur faire vivre de nouveaux traumas, tout en favorisant une transition harmonieuse. Par exemple, loger une personne sur le Plateau-Mont-Royal, alors qu’elle a ses habitudes au centre-ville, pourrait avoir une grande incidence sur la réussite du projet. Le déracinement et la perte de réseau sont à proscrire.

Connaître la personne est essentiel pour être en mesure de bien l’accompagner. Par exemple, une personne souhaitant ardemment habiter en appartement pourrait être confrontée à un échec lors de son installation si elle n’a pas la capacité de vivre seule. En le sachant dès le départ, il sera possible de lui offrir une alternative qui aura de meilleures chances de succès.

La proximité créée par l’accompagnement à long terme est à double tranchant : il est difficile pour un intervenant d’accepter que certains choisissent de rester dans la rue, sous la neige, faute d’être prêts pour la transition en logement. Il doit donc apprendre à se protéger face à la détresse à laquelle il est exposé au quotidien, et surtout, face à l’impuissance qu’il éprouve dans certaines situations.

Balado Sur le vif #9 : DITSA et coronavirus : les pratiques d’un psychoéducateur spécialisé en itinérance avec Sylvain Picard

Sylvain Picard est praticien chercheur au CREMIS et psychoéducateur. Anthony Gey est éducateur spécialisé. Les deux pratiquent dans l’Équipe itinérance de la Direction santé mentale et dépendance du CCSMTL.