Que sera la santé de demain? Difficile de répondre à cette question en quelques mots, mais celle-ci offre l’occasion de se prêter à un exercice intéressant pour les corédactrice et corédacteur en chef invités, mais aussi pour le lectorat du Magazine MU360. Nous vous proposons une réflexion à la croisée de l’innovation et des changements sociaux, ouvrant ainsi une projection fascinante vers l’avenir.
Au Québec, comme partout en Occident, on constate un engorgement du système de santé, en partie lié au vieillissement de la population. Dans 10 ans, on estime que les personnes âgées de plus de 65 ans formeront plus du quart de la population québécoise (passant de près de 22 % en 2024 à 25,1 % en 2034)1. Une particularité démographique jamais connue jusqu’ici. On observe aussi une explosion des coûts de santé à laquelle il devient urgent d’apporter des solutions. Si l’on maintient le statu quo, les défis risquent d’être encore plus grands pour le système de la santé. Innover est incontournable, tant sur le plan des technologies que des approches en santé et en recherche, pour optimiser les soins et services offerts aux populations et favoriser le bien-être des intervenant.e.s.
Innover en santé et en services sociaux, c’est intégrer de nouvelles pratiques et de nouveaux savoirs pour améliorer les pratiques actuelles, dans le but d’offrir des bénéfices mesurables à la population. La recherche doit se fonder sur des données probantes, mais elle doit aussi viser à être utile pour la société, car c’est ainsi qu’elle prend tout son sens.
Si l’on se projette vers l’avenir, les pratiques devront se faire de manière globale. En gériatrie, par exemple, on ne peut plus s’attaquer à un problème à la fois, il faut plutôt agir en concordance, sur la stimulation cognitive, l’exercice physique, l’alimentation et le sommeil. La médecine de demain devra sortir des approches de soin cloisonnées et aborder la personne dans son ensemble pour lui assurer une intervention mieux adaptée à ses besoins. D’ailleurs, l’introduction du dossier de santé numérique provincial représente un changement de paradigme puisque les données de santé accompagneront dorénavant chaque personne à toutes les étapes de sa vie.
Arrimer innovations et santé sociale
Du côté des technologies, le monitorage à distance et l’utilisation de l’intelligence artificielle sont deux avenues qui se démarquent en santé. Les capteurs posés sur les personnes, dans les lieux de vie et les villes, servent à obtenir des données qui sont ensuite traitées et interprétées rapidement grâce aux technologies numériques. Ces données soutiennent la prise de décision clinique.
Sur le plan social, la recherche doit et devra se faire encore plus directement avec les communautés, en leur accordant une participation dans les projets de recherche, mais aussi un rôle actif dans la prise en charge de leur santé pour soutenir une santé dite durable. Selon Carole Jabet, directrice scientifique du Fonds de recherche du Québec — Santé, la santé durable s’appuie notamment sur la promotion de la santé, la prévention des maladies et l’intervention précoce2. Appliquer ces trois principes permettrait d’améliorer la santé de la population et le système de la santé et des services sociaux sur les plans humain, organisationnel et social. L’innovation technologique et sociale offre au système de santé québécois des occasions d’y arriver.
Cette édition du MU360 vous invite à découvrir des projets et réflexions portés par les équipes des instituts et centre affilié universitaires ainsi que des centres de recherche du CCSMTL, qui se consacrent à la santé de demain et qui s’inscrivent dans tout le continuum de la vie, de la naissance au grand âge. Les technologies futuristes en font certes partie, mais ce qui se dégage peut-être davantage, c’est une volonté nette d’accorder une place centrale à l’être humain comme partenaire de recherche et collaborateur au sein de sa communauté, mais aussi actrice et acteur de sa santé.
Bonne lecture!
Anne-Marie Larose
Corédactrice en chef invitée
Directrice de l’enseignement universitaire et de la recherche au CCSMTL
Oury Monchi
Corédacteur en chef invité
Directeur scientifique du CRIUGM et professeur titulaire au Département de radiologie, radio-oncologie et médecine nucléaire de l’Université de Montréal
- Population âgée de 65 ans et plus. Institut national de santé publique du Québec. ↩︎
- Définition présentée lors du Sommet de la santé durable 2024, tenu à Montréal. ↩︎