Qui dit santé de demain dit applications, réalité virtuelle, robots et intelligence artificielle. Ces outils
connectés, déjà présents dans les soins, connaissent une intégration fulgurante depuis la pandémie, ce
qui soulève des enjeux. Comment s’assurer que les nouvelles technologies soient disponibles et significatives pour tous et toutes dans le réseau?
Nathalie Bier, chercheure au Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (CRIUGM), s’intéresse particulièrement à cette problématique dans ses travaux. « Une bonne implantation technologique, explique-t-elle, est une implantation pour laquelle on sait comment anticiper les obstacles qui peuvent arriver. Chaque milieu de soins doit s’adapter à son contexte et se poser les bonnes
questions. »
Elle en propose plusieurs. La nouvelle technologie envisagée est-elle réellement adaptée au soin à donner? Les utilisatrices et utilisateurs peuvent-ils avoir accès à une formation et à du soutien spécialisé pour bien l’intégrer? Est-on prêt au changement qu’elle apporte dans la vie quotidienne, les pratiques cliniques et l’organisation du travail? Les gestionnaires possèdent-ils les ressources humaines, budgétaires et matérielles nécessaires pour l’implanter? Des programmes financiers et politiques la rendent-elle accessible? Comment peut-on assurer la gestion et la sécurité des données recueillies sur chaque usager et usagère ou leur entourage avant, pendant et après l’implantation? Qu’en est-il de son empreinte écologique et de la durée de vie du matériel qu’elle requiert?
Même s’ils ne sont pas exhaustifs, ces exemples montrent que tout le monde est concerné : usagers et usagères, proches aidants, équipes de soins, gestionnaires, instances de décisions. Ils illustrent aussi le profond travail de réflexion à faire en amont de chaque projet d’implantation.
Nathalie Bier suggère d’intégrer dans cette réflexion les sept composantes1 pouvant influencer l’implantation des technologies en santé mises de l’avant par Trish Greenhalgh, chercheure britannique et professeure en sciences de la santé en soins primaires.
Si l’intégration d’un outil connecté exige un arrimage complexe et une continuelle adaptation, en plus de mobiliser plusieurs ressources, ce modèle de réflexion assure sa pertinence, son efficacité et sa cohérence face aux besoins de la personne à soigner. L’une des forces des travaux de recherche effectués au CRIUGM est justement de bénéficier d’une étroite collaboration avec la direction clinique Soutien à l’autonomie des personnes âgées du CCSMTL.