Les jeunes placés en famille d’accueil sont désavantagés sur le plan scolaire et sont à risque de présenter des difficultés à l’école. Selon une étude menée par Goyette et Blanchet en 2019, moins de 20 % des jeunes placés âgés de 17 ans parviennent à atteindre le niveau scolaire qui correspond à leur âge, soit la 5e année du secondaire.
Par rapport aux jeunes de la population générale, ceux en situation de placement sont beaucoup plus nombreux à vivre un épisode de décrochage et à présenter des retards dans leur parcours académique. Selon l’étude sur le devenir des jeunes placés, plus de 70 % de ceux-ci ont échoué au moins une année scolaire, comparativement à 40 % des jeunes des milieux défavorisés et 20 % des jeunes Québécois de la population générale.
Interventions et conditions gagnantes
Face à cette situation complexe, les directions du programme jeunesse et de la protection de la jeunesse ont approché l’Unité d’évaluation des technologies et modes d’intervention (UETMI) afin d’identifier les meilleures pratiques à mettre en place pour soutenir la réussite scolaire des jeunes en situation de placement. « Les recommandations de la Commission Laurent, qui abondaient dans le même sens, justifiaient l’importance identifier des pratiques plus prometteuses pour soutenir la réussite des jeunes », précise Julie Goulet, l’une des autrices du rapport, étudiante au doctorat en psychoéducation à l’Université de Montréal.
Trois conditions préalables favorisant la réussite scolaire
À partir d’une revue de la littérature, d’une collecte de données contextuelles et d’entrevues avec les spécialistes concernés, l’équipe a produit un guide regroupant plusieurs recommandations destinées à l’entourage des jeunes placés : services sociaux, services scolaires, famille d’accueil, etc.
Ce guide, produit par l’UETMI, en collaboration avec l’Institut universitaire Jeunes en difficulté du CCSMTL, présente trois conditions préalables et sept recommandations à mettre en pratique pour favoriser la réussite des jeunes placés (voir le tableau).
Trois conditions préalables favorisant la réussite scolaire |
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1. Engagement ferme de l’organisation quant à l’importance de soutenir la réussite scolaire des jeunes placés. |
2. Croire dans le potentiel d’apprentissage des jeunes en soutenant le développement de leurs habiletés sociales. |
3. Encadrer la communication entre intervenants sociaux et scolaires. |
De toutes les recommandations, Julie Goulet croit qu’il faut accorder une grande importance à la concertation intersectorielle entre les services sociaux et l’école : « Même si c’est difficile à appliquer, mettre ces deux aspects ensemble, c’est peut-être ce qui sera le plus aidant. Cette recommandation faisait partie autant des données contextuelles et expérientielles que de la littérature. Il y a plusieurs avantages et pas vraiment d’effet négatif [à la concertation intersectorielle] pour le jeune ». Elle souligne également l’importance de s’assurer que les jeunes reçoivent un soutien ponctuel tel que le tutorat qui s’est également montré efficace pour soutenir le rendement scolaire.
Pour plus d’équité et d’inclusion
En raison de leur expérience de vie passée et du fait d’être placés en famille d’accueil, ces jeunes sont souvent victimes de préjugés ou de biais inconscients par rapport à leur capacité à réussir, comme l’illustre Julie Goulet : « Il y a aussi plusieurs jeunes placés qui réussissent très bien, mais ceux-ci se retrouvent souvent pris dans une sorte de pensée généralisée, selon laquelle ils et elles n’ont pas la capacité de réussir autant que les autres. Les adultes qui les entourent ont parfois des attentes moins élevées envers eux, donc les jeunes atteignent des niveaux moins élevés. »
Il est essentiel d’encourager la collaboration de tous les partenaires impliqués dans la scolarisation des jeunes placés pour leur donner toutes les chances de réussir. L’ajustement des interventions aux besoins complexes et variables des jeunes placés représente un défi dans la pratique, mais les recommandations émises par l’équipe sont porteuses d’espoir.
Sept recommandations à mettre en pratique |
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1. Réaliser un portrait de la situation scolaire en collaboration avec le milieu. |
2. Maintenir les interventions d’accompagnement scolaire, spontanées ou formalisées, réalisées dans les milieux de vie. |
3. Créer un environnement favorable à l’apprentissage de la lecture. |
4. Assurer l’accès à des programmes de tutorat. |
5. Créer un environnement propice aux apprentissages, qui passe par le développement de relations positives avec les adultes et les pairs. |
6. Éviter le travail en silo, inclure la famille et les partenaires scolaires et communautaires dans les interventions. |
7. Mettre en place des interventions qui misent sur des mécanismes de concertation et de décision partagée, faisant appel aux actrices et acteurs concernés travaillant à mettre en place un plan qui répond aux besoins des jeunes et de leur famille. |
Les détails…
– Soutenir la réussite scolaire des jeunes placés : Interventions et conditions gagnantes (Note de synthèse)
– Qu’est-ce qu’une ETMI ?