Dans une salle d’urgence, trouver l’équilibre entre la sécurité du patient et l’enseignement médical représente un défi quotidien. Le Dr Amar Boudjerida, responsable de l’enseignement aux résidents à l’urgence, et le Dr Gabriel Kano, résident de 2e année en médecine familiale, nous présentent quelques situations d’apprentissage en urgence.
Du trauma physique à la détresse psychologique
Bien que l’hôpital Notre-Dame (HND) ne reçoive pas beaucoup de cas de traumas majeurs (des accidentés de la route, par exemple), le Dr Boudjerida explique ce qui se passe lorsque de tels cas surviennent : « C’est paradoxal, car on n’a aucune marge d’erreur dans ces situations, donc le patron prend le leadership de la salle d’urgence. Mais on délègue des procédures techniques aux résidents pour qu’ils assument des responsabilités et apprennent leur métier. » En ce qui concerne les traumas mineurs (bras ou jambe fracturé, par exemple), beaucoup plus fréquents à HND, un résident en fin de stage peut assurer la prise en charge complète jusqu’au congé. Un calcul de risque immédiat pour le patient entre ici en ligne de compte.
Par ailleurs, HND est un centre de référence en psychiatrie. Vu le nombre élevé de cas liés à la détresse psychologique, les résidents acquièrent beaucoup d’expérience lors de leur stage. Ils développent ainsi plus d’autonomie. Le Dr Kano confirme cet état de fait : « Je vois les patients seul, je reçois leur histoire et j’établis un plan de traitement. »
Parfois, l’enseignement doit emprunter d’autres chemins. C’est entre autres le cas pour l’accueil des personnes victimes d’agression sexuelle. Dans ces situations, le nombre de personnes en contact avec la victime est réduit au minimum, le confort et le sentiment de sécurité de celle-ci étant privilégiés. Le Dr Kano n’est donc pas intervenu directement à ce sujet au cours de son stage d’un mois à l’urgence de HND. Son apprentissage s’est plutôt fait lors de discussions avec l’intervenante et avec le médecin, qui avaient rencontré la patiente. Dans ce contexte, c’est l’extrême délicatesse de la situation qui freine l’exposition du résident à cette réalité.
Le Dr Boudjerida conclut en rappelant que l’enseignement est personnalisé à chaque résident. Il veille à ce que tous les médecins apprennent le travail général en urgence, mais il adapte son approche et modifie le niveau d’autonomie selon l’intérêt personnel de chacun.
Le Dr Amar Boudjerida est responsable de l’enseignement aux résidents à l’urgence, et le Dr Gabriel Kano est résident de 2e année en médecine familiale.