Philippe-Benoit Côté, chercheur au CREMIS et professeur à l’Université du Québec à Montréal,
s’intéresse au croisement de la sexualité et de l’itinérance, notamment chez les jeunes. De
projet en projet, il a remarqué que les jeunes lesbiennes, gais, bisexuel.le.s, trans ou queer
(LGBTQ+) constituent une population sousétudiée dans les travaux scientifiques, malgré sa
surreprésentation en situation d’itinérance. Ainsi, le chercheur a voulu comprendre le passage
à l’itinérance chez les jeunes LGBTQ+ et leurs rapports aux ressources d’aide en contexte
d’itinérance. Afin d’explorer cette question, Philippe-Benoit Côté et Martin Blais (professeur
au Département de sexologie à l’UQAM) ont rencontré 17 jeunes LGBTQ+ de 16 à 25 ans
qui se retrouvent en situation d’itinérance à Montréal.
Passage à l’itinérance
Les chercheurs ont constaté que différentes formes de violences homophobes, biphobes
et transphobes vécues par les jeunes LGBTQ+ sont au cœur de leur passage à l’itinérance.
Pour plusieurs, c’est la violence dans la famille qui en est à l’origine. Les parents n’acceptant
pas leur orientation sexuelle ou leur identité de genre, ces jeunes peuvent se faire exclure de
leur milieu familial. Pour d’autres, c’est un séjour difficile en centre jeunesse qui les empêche de
tisser des liens sociaux avec d’autres jeunes, des adultes ou des ressources. À 18 ans, ces jeunes
se retrouvent sans soutien social et sans repères. Finalement, bon nombre de jeunes vivent ces
formes de violence à l’école et finissent par décrocher. Cette problématique existe surtout
en dehors de l’Île de Montréal où les services pour les communautés LGBTQ+ se font rares.
Ces jeunes viennent ensuite à Montréal pour trouver des ressources.
En situation d’itinérance
En plus des violences subies avant le passage à l’itinérance, Philippe-Benoit Côté a constaté
que, même dans les ressources spécialisées en itinérance, le mal continue pour les jeunes
LGBTQ+ : « C’est particulièrement difficile pour les jeunes femmes trans, qui se font juger sur
leur identité de genre. Elles sont refusées dans certaines ressources sur la base de leur
expression de genre. » Finalement, les jeunes LGBTQ+ en situation d’itinérance peuvent se
résigner à fréquenter les ressources malgré les violences subies ou à les éviter par crainte de
vivre de la violence.
Cette étude sur les parcours de vie des jeunes LGBTQ+ en situation d’itinérance a inspiré le
chercheur sur la question de la prévention. Selon lui, plus de travail devrait être fait en amont
auprès des centres jeunesse, des familles et des écoles. Si les milieux étaient plus inclusifs,
les jeunes LGBTQ+ se retrouveraient peut-être moins en situation d’itinérance.