Détresse psychologique et fragilisation de la santé physique : la réalité des préposés aux bénéficiaires en CHSLD

Les préposés aux bénéficiaires (PAB) sont au cœur des soins prodigués quotidiennement dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD). Leur apport était assez méconnu jusqu’en avril 2020, alors que de nombreux drames en CHSLD ont soudainement et cruellement mis en lumière toute l’importance de leur travail essentiel, mais exigeant.

Un métier à risque

Le chercheur François Aubry s’intéresse depuis longtemps au métier de PAB et aux conditions souvent difficiles dans lesquelles il est exercé. En effet, les données de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) démontrent que ce groupe de travailleurs compte le plus d’accidents du travail indemnisés. Le dernier projet du chercheur (lancé en 2019 et repris à l’automne 2021) vise à leur redonner du pouvoir sur leurs activités professionnelles.

Ciblant trois CHSLD de différentes régions (Montréal, Québec et Chaudières- Appalaches), le projet se déroule en trois phases. D’abord, les PAB ont répondu à des questionnaires et participé à des entrevues dans le but de déterminer leurs priorités en matière de santé et sécurité. François Aubry analyse en ce moment les enjeux cités. Le manque de person- nel, l’intensification de la charge de travail, l’agressivité de la part des bénéficiaires ainsi que le climat de travail tendu sont quelques éléments qui exacerbent la détresse psychologique des PAB. Les manipulations dangereuses et les déplacements de bénéficiaires entraînent, quant à eux, des troubles musculosquelettiques.

Collaborer pour trouver des solutions

À partir du printemps 2022, des groupes de soutien (comprenant des PAB, des infirmières et des chefs d’unité) travailleront à créer et à implanter des solutions dans les milieux de travail. L’organisation du travail sur les unités de soins pourrait donc être modifiée à cette étape, grâce aux idées des PAB. En 2023, l’équipe de recherche évaluera les retombées de ces solutions, entre autres au moyen de l’analyse des taux d’accidents des PAB sur ces unités de soins.

Le chercheur aborde ce projet comme une façon de valoriser le rôle des préposés aux bénéficiaires en les écoutant et en leur faisant confiance afin de trouver les solutions adéquates aux priorités qu’ils auront établies. Il espère que cette façon de faire servira de cadre de référence pour d’autres projets participatifs destinés aux PAB.

François Aubry est chercheur au Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (CRIUGM) et professeur au Département de travail social à l’Université du Québec en Outaouais.