Les premiers soins psychologiques, ça vous dit quelque chose ? Il est probable que non.
Moins bien connu que les premiers soins physiques, le secourisme psychologique est une approche d’intervention développée pour soutenir émotionnellement les victimes d’un événement traumatique, comme une catastrophe naturelle et un acte terroriste. Or, cette approche conçue afin d’aider à surmonter un trauma causé par une épreuve hors du commun peut-elle être utilisée au quotidien, là où il y a une exposition répétée à des situations stressantes ?
Par exemple, dans le milieu de la santé et des services sociaux, les travailleurs du programme de la protection de la jeunesse font face presque quotidiennement, soit comme témoins ou comme victimes, à des événements traumatiques. Seraient-ils de bons candidats pour recevoir les premiers soins psychologiques ?
C’est dans ce contexte que le chercheur Steve Geoffrion travaille à implanter les premiers soins psychologiques en milieu de travail : « Dans un milieu émotionnellement exigeant comme la protection de la jeunesse, il est primordial d’intervenir rapidement pour éviter qu’un travailleur en détresse développe des effets à long terme. Lorsqu’un incident traumatique survient, les travailleurs ont comme premier réflexe de se tourner vers leur gestionnaire, mais ceux-ci ne sont malheureusement pas outillés pour les soutenir adéquatement. »
Outiller les gestionnaires pour aider les travailleurs
Le projet consiste à adapter les premiers soins psychologiques au contexte de la protection de la jeunesse, et à former des gestionnaires de trois CIUSSS, dont le CCSMTL, afin qu’ils se sentent plus compétents dans l’accompagnement de la détresse psychologique des travailleurs. Ils reconnaîtront plus rapidement les premiers signes de détresse et sauront quelles stratégies adopter dans leurs interventions en premiers soins psychologiques auprès de leur personnel.
Les gestionnaires formés seront suivis pendant trois ans. Ils seront invités à discuter en groupe de leur expérience et à remplir des rapports post-intervention détaillant ce qui leur a été utile, ou pas, dans le cadre de cette approche. Des questionnaires seront distribués et des entrevues seront aussi menés auprès des travailleurs ayant bénéficié de premiers soins psychologiques. Grâce aux données récoltées, l’équipe de recherche évaluera l’incidence du projet sur les équipes, ainsi que les obstacles organisationnels rencontrés, afin de peaufiner la formation.
Au terme de ce projet, si la formation se révèle profitable pour les équipes sur le terrain, elle sera offerte ailleurs au Québec et au Canada.
Steve Geoffrion est chercheur à l’Institut universitaire Jeunes en difficulté et professeur à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal.